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Michel Fugain
« Il faut, avant toute chose, dépasser une ou deux idées reçues : Michel Fugain n’est pas un baba cool à la barbe fleurie. Le Big Bazar et ses relents de bonheur ne sont qu’un épiphénomène dans l’incroyable carrière de ce mélodiste ultra doué.
« Flower power », c’est bien. Mais Fugain…C’est tellement plus loin. Fugain, c’est une vie. La vie. Un coeur encore plus gros que ça, fortifié par un réacteur nucléaire nommé volonté. Une énergie à faire bouger les montagnes corses. Danser la France en crise. Importer le brésil à dos d’oiseau. Faire rêver tout un peuple de congés payés et d’aires d’autoroutes ensoleillées…
L’histoire d’une vie que rien ne peut abîmer parce qu’il l’a voulue ainsi. Sauf qu’on ne décide pas toujours de tout. Même lui. Pour Michel, le début du siècle ne fut, hélas, pas écrit sur une simple partition… Alors, parce que rien ne peut être plus violent, la machine s’arrête. Brusquement. Et le bilan est lourd : fracture de l’âme. Il est des instants dans une vie où l’on se demande si elle vaut encore la peine d’être vécue. A ce moment de la sienne, cette question, il se l’est posée. Vraiment. Et le miracle fut. Alors que le coeur ne répondait plus, le réacteur s’est mis en pilotage automatique. D’abord pantin hébété. Puis peu à peu humain. Il s’est relevé. Défiguré. Meurtri. Changé à jamais. Mais debout. Il a pris sa plume. Peut être pas la plus belle, mais la plus honnête. Il a compté ses pairs, et leur a écrit une lettre. En voici quelques mesures…
« Mes chers consœurs et confrères, Il y a quelques mois, déstabilisé par un séisme personnel, je me suis promis de ne m’attacher, désormais, qu’à « l’essentiel »… Bilan, doute, survol des réussites et des échecs… Et l’évidence de notre confraternité m’a fait chaud au cœur. (…) Notre métier étant devenu ce que nous savons, je crois qu’il est temps de mettre un point d’orgue à ma partition. J’aimerais que ce point d’orgue soit un hommage à vous. Le seul moyen que j’ai de vous rendre cet hommage est encore de faire de la musique et des mélodies et de boucler ma boucle en chantant un texte de chacun d’entre vous. (…) Si mon envie vous parle, appelons-nous, voyons-nous, bouffons, buvons, déconnons, ne serait-ce que pour rattraper un peu du temps perdu. »
Tous – ou presque – ont répondu. En lui offrant leur vision de confrère sur sa propre vie, aucun d’entre eux ne se doutait que chaque mot allait le nourrir. Chaque vers lui insufflait de l’énergie. Cette même énergie qu’il a lui-même, pendant si longtemps, offert aux autres. Patiemment, Michel a vendangé ces précieuses lignes. Il les a ordonnées, laissées vivre, pour enfin les vinifier et se les approprier. Puis il s’est mis au boulot. Faisant ce qu’il sait si bien faire…
Il a d’abord fabriqué des notes. Puis des mélodies. Puis un album. 2007 sera un grand millésime. Un cru couleur tendresse, fête et volupté. Le genre qui fait tourner la tête sans saouler, danser sur les tables sans trébucher.
Alors… Merci Monsieur Michel. Merci, et Bravo. Merci et bravo Yves, Serge, Maxime, Charles, Véro, Alain, Salvatore et tous les autres. Merci de votre talent, de votre confiance »
Éric Jeanjean